Chōgatake – le pic aux papillons

Pari légèrement risqué, c’est durant la saison des pluies que nous sommes partis en weekend randonnée dans les Alpes japonaises. Cette saison, appelée tsuyu au Japon, nous sembla bien différente dans la région de Nagano, tant il faisait beau et relativement sec durant ces deux journées. Il n’est cependant pas toujours facile de savoir quand partir randonner sur l’île de Honshū. En effet, la neige peut rendre l’accès à certains sommets encore difficile en juin, les refuges peuvent être fermés, et c’est également durant ce mois que la saison des pluies bat son plein. Les mois d’août et de septembre sont ensuite les plus chauds et humides, et les plus propices aux typhons. Ainsi, les deux dernières semaines de juillet constituent une fenêtre d’opportunité lors de cette saison estivale intense.


Randonnée au cœur de la forêt

C’est au en pleine forêt que la randonnée débute, dans la verdure luxuriante du mois de juillet. L’humidité se fait ressentir dans ces sous-bois, et parmi les centaines de plantes se trouvent des variétés jusqu’alors jamais rencontrées, y compris la Monotropastrum humile ou en japonais ginryōsō (ギンリョウソウ). Il s’agit d’une plante qui manque de chlorophylle (d’où sa couleur blanche, sur la première photo) et ne peut ainsi réaliser de photosynthèse – à la place, c’est à travers une association symbiotique avec des champignons qu’elle obtient ses nutriments. Fascinant, non ?

Nuit au sommet

Nous avons emprunté l’itinéraire Mimata (三股ルート), le plus populaire pour se rendre au sommet. Avec environ 6 kilos sur le dos (une première) et de nombreuses petites pauses, il nous aura fallu environ 6 heures de marche pour parcourir les 12.6 kilomètres et 1,483 mètres de dénivelé positif jusqu’au sommet. Le paysage était assez nuageux lorsque nous sommes arrivés, mais la grisaille s’évapora pour faire place à un beau ciel bleu. Après avoir préparé notre tente, nous avons profité d’un dîner chaud au refuge local, Chōgatake Hutte (蝶ヶ岳ヒュッテ). Puis une fois la nuit tombée, c’est les étoiles que je me suis empressée d’admirer. Dans le froid de la haute montagne, j’ai découvert un ciel nocturne que je n’avais sûrement jamais observé jusqu’à présent. Une immensité étoilée, un soupçon de voie lactée, pour une nuit étincelante et enchantée. (J’ai bien essayé de prendre des photos, en vain avec mon téléphone.)

Soleil levant

Après deux heures de sommeil à glisser sur un duvet installé en pente (et le classique : et si des ours arrivaient au sommet ? et si le vent soufflait si fort qu’il nous emportait ?), c’est à 4h du matin que nous nous sommes réveillé pour admirer le lever du soleil à 2,677 mètres d’altitude. Le spectacle, inoubliable, m’a fait oublier la fatigue.

Infini azuré

Le ciel complètement dévoilé nous a offert un spectacle majestueux lors de notre promenade matinale sur les crêtes. Les températures augmentèrent rapidement sous les rayons puissants du soleil, et c’est à nouveau au refuge que nous avons pris notre petit-déjeuner à 6h. L’établissement était par ailleurs complet cette nuit-là, et l’espace bivouac était rempli de tentes colorées. C’est ainsi vers d’autres sommets que se sont dirigés beaucoup de randonneurs au petit matin – depuis le refuge, il est notamment possible se rendre au pic Jōnen (常念岳) à 2,857 mètres d’altitude.

Pic aux papillons

Chō (蝶) signifie par ailleurs « papillon » en japonais, et le nom de ce sommet viendrait de la forme de la neige sur le versant sud-est de la Chōgatake Hutte au début du printemps, apparemment semblable à un papillon. Un nom poétique qui sembla tout autant prendre sens à travers la présence de nombreux papillons le long du chemin.

Pour aller plus loin, le site officiel de Chōgatake ainsi que le site des Alpes japonaises et sa page recensant cette randonnée sont de précieuses ressources (en japonais). C’est pour sûr un nouveau visage de l’archipel japonais que j’ai découvert avec cette randonnée, qui ne fait que confirmer comme le pays du soleil levant est surprenant, riche en paysages variés et expériences inimitables.

Une réflexion sur “Chōgatake – le pic aux papillons

  1. Ping : Été ’23 (escapades) – Explorations japonaises

Laisser un commentaire